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N'en jetez plus.
27 octobre 2009

What I've felt, what I've known, never shined through in what I've shown.

Parfois, et de manière de plus en plus récurrente, la lubie me chatouille d'aller fourrer le nez dans mes paquets de missives reçues, empaquetées dans des tiroirs, dans des pochettes, dans des classeurs.
Cinq ans, grosso modo, de correspondance en vrac, de la nostalgie au kilo, des fous rires au quintal. Vrais serments, gros complexes, fausses confidences, déclarations muettes, perches tendues, bouteilles à la mer ou journaux presque intimes, des pages et des pages entières de carreaux hypnotisants couverts par les mots de Mathilde, de Laura, de Bélinda, de Thibaut, de Julien, d'Hassina, de Céline, de Nicolas, de Nora, reposent en paix pendant que je vis tout à côté sans y toucher, tantôt parce que j'oublie leur existence, tantôt parce que je m'interdis d'aller me replonger dedans, par peur d'une apnée mal contrôlée.
J'ai tant mis de moi dans les mots que j'ai pu offrir toutes ces dernières années, j'ai tant été chamboulée par ceux que j'ai pu lire, aussi, que je ne suis pas certaine de pouvoir supporter leur relecture que je juge encore trop précoce. C'est toujours lorsque l'on est fragilisé que nos envies tendent vers ce qui pourrait nous achever le plus facilement, et bien que ne me souvenant que très mal de tout ce dont il était question dans tout ce courrier, je sens que l'effet des phrases inscrites serait décuplé par le temps écoulé entre leur rédaction et leur redécouverte, que la mélancolie m'étranglerait le cœur pour ne plus desserrer sa poigne pendant un bon petit moment, et risquerait de me plomber plus qu'autre chose, de me jeter dans un abîme de remise en question stérile, de me bousculer plus que de raison en me faisant peut-être comprendre soudainement des choses qui m'auraient échappées jusqu'alors, sans pouvoir changer quoi que ce soit à des situations entérinées depuis trop longtemps, ravivant d'anciennes rancœurs et créant des regrets supplémentaires.
Les élans sournois se font plus lancinants, la curiosité morbide me titille assez, j'aurais presque hâte que dix ans s'écoulent afin de pouvoir faire céder les verrous et de passer des soirs entiers à m'imprégner du texte suranné, un sourire tendre aux lèvres, dans un rapport sain de moi à moi par le biais de la prise de distance, amusée de ma candeur passée, de mes petits problèmes grossis à la loupe, de mes bisbilles risibles, de mes douleurs dérisoires, sans risquer, par trop de hâte, de rouvrir des plaies encore peu cicatrisées en allant profaner les tombes d'amitiés passionnelles et de romances déchues enterrées vivantes dans ma mémoire.

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Commentaires
L
"C'est toujours lorsque l'on est fragilisé que nos envies tendent vers ce qui pourrait nous achever le plus facilement"<br /> <br /> C'est tellement vrai. ^^ L'etre humain a une belle tendance à se complaire dans la tristesse malheureusement ... Parce que ça le fait se sentir vivant peut-etre, je ne sais pas ! ^^
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