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N'en jetez plus.
5 juin 2010

Babillages.

C'est toujours pareil, lorsqu'il m'arrive plein de choses importantes, je les passe à la trappe et change de sujet, pour verser dans l'anecdote, passer de babiole en bricole, je ne dépèce que les détails, plutôt que de tourner autour du pot, je le pousse.

Je suis traumatisée, tout à l'heure j'ai croisé un type effrayant qui ressemblait à un char à voile. Si, c'est possible, moi non plus je ne l'aurais pas cru, avant, mais là, je m'en remets difficilement. De loin, j'ai cru à un type qui faisait le kéké sur son vélo, à sa manière de se tenir bizarrement verticale, comme s'il faisait plutôt du monocycle, sans tenir le guidon, mais avec un drôle d'effet de manches... Parce qu'il n'avait pas de mains, en fait. Il n'avait d'ailleurs pas de bras, et ses manches longues de chemise, nouées au guidon comme une voile blanche à un mat, lui en tenaient lieu. Argl. Pour moi, détacher ne serait-ce qu'une main du guidon pour indiquer que je vais tourner est déjà une manœuvre hautement périlleuse, constituant une grave menace de foutage par terre, alors là, franchement, j'admire, je flippe ma race, aussi, mais j'admire. Il n'avait pas non plus de nez, son visage était axé autour de deux trous béants de forme ovale, et il n'avait pas tellement de lèvres non plus, si l'on va par là, ses babines retroussées laissaient voir de grandes dents de lapin, symétriques aux "narines". Le choc. J'imagine que ce n'est pas très charitable de ma part d'avoir été frappée de la sorte, mais sa dégaine de créature damnée de film japonais fétichiste et tordu, sa figure rongée de noyé repêché, son allure amputée de martyr rescapé, m'ont glacé le sang, cette figure, c'est le fracas, j'en frissonne.

C'est curieux comme je peux cumuler certains sens, certaines activités, et comme d'autres se contredisent, et s'annulent. Autant j'épatais mon père par mon aptitude à chanter une chanson en anglais qui passait à la radio tout en rédigeant une composition en français, autant je ne suis pas fichue, par exemple, d'écrire un SMS en changeant de chaîne : il suffit que je veuille écrire la lettre S de la main gauche pour changer quatre fois de chaîne dans le même temps de la main droite.
De la même manière, je ne suis pas capable de lire un bouquin de l'œil gauche en textotant de la main droite, enfin, si, je le suis, mais seulement à condition de vouloir recopier le passage que je lis, j'en ai eu la confirmation hier, voulant écrire "Je t'aime, je t'aime, je t'aime" à une personne que je ne nommerai pas, question de protection de la vie privée bien sûr, dans la mesure où c'est tout de même un secret d'état, j'ai écrit "Igor, Igor, Igor", du nom du personnage au dessus duquel mon regard venait de passer. Hmm, bonjour l'éventuel quiproquo.
Mon cerveau n'est pas en reste, dans la catégorie quiproquos portablesques, puisque je ne suis vraisemblablement pas foutue de ne penser qu'à une personne à la fois, tombant dans la névrose inverse... Il y a un moment, écrivant à Samantha, je termine mon message par un "Je t'aime" réflexe. Merde alors. Je le repère à temps, je l'efface, ouf. Et je l'envoie à mon mec. Quand cela ne veut pas, cela ne veut pas, hein...

Bon, la séance ragots et brèves de comptoir du café du commerce est close pour le moment, je bâcle un peu mes publications ces derniers temps, parce que les articles illustrés et bien construits prennent plus de temps, et se fracassent plus aisément sur la façade de la flemme... Ce n'est pas une excuse, enfin, si c'en est une, elle est mauvaise, mais cela suffira quand même.

Onze heures onze.

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