Achète un naan au fromage et quitte la ville.
C'est étonnant à quel point je déteste la ville depuis que je suis ici... J'ai envie de pleurer chaque fois que je vois des blocs d'immeubles, j'étouffe, tout est étriqué, rien ne semble possible, je ne sais même pas comment des gens peuvent passer toute leur vie ainsi, y être heureux, cela me paraît surréaliste, pourtant je ne vivais pas à la campagne, à Lille, à Reims, je n'avais pas de jardin, je n'étais pas tout le temps dehors, ici je suis claustrophobe même à l'extérieur, 11h11, j'ai un peu peur de partir en vacances, si je vais voir ma mère à Rochefort, en août, j'ai peur de ne plus jamais vouloir revenir... Comment peut-on aimer la ville, la plébisciter, n'aimer que la ville, penser que l'on s'ennuie à la campagne ? Ta mère pleure en voyant de la neige, moi je suis à la limite de la décomposition lacrymale devant des tours de béton, super...
J'essaierai d'aller à la maison ce week-end... Et de passer la journée dans la forêt. J'ai l'impression que tous ces immeubles sont des décors, en carton, que Paris et Banlieue (grande ville entourant Paris, sous-Paris, ville de sous-êtres, habillés en Bathing Ape) est un non-lieu, qu'il ne s'y trouve que des faux gens, des faux bâtiments, des mondes parallèles, à travers lesquels je déambule zombifiée, j'ai l'impression d'être le Sims de quelqu'un qui jouerait avec moi et d'autres personnages, plus ou moins connectés, dans Les Sims 5 Vie Parisienne et Compagnie, je ne me sens pas concernée parce que je ne trouve rien suffisamment crédible ou réel, tangible, rien qui ne fasse sens, rien que je saisisse, comme dans un jeu, pas de substance, comme s'il allait me rester huit vies, si je suis un chat, ou deux, si je suis Mario, si je sautais sur le périphérique ou traversais les voies de RER pour aller sur le quai. Rien n'existe, rien n'est grave. Sortez-moi du Truman Show...