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N'en jetez plus.
24 janvier 2011

Ode à tout ce qui m'échappe, momentanément sans illustration.

Mes confuses à ceux que ma disparition, comme le E de Georges Pérec, comme à mon début et à ma fin, ont attristés, ennuyés, décontenancés, désolés, ou déçus, tant pis pour ceux qu'elle a fait fuir, abandonner, supprimer le lien de mon blog de leurs favoris, lâcher le morceau, tourner les talons, car me revoilà, pas telle le phénix renaissant de ses cendres, juste comme l'employée ordinaire qui a désormais un toit à elle, à condition d'en payer la moitié du loyer chaque mois au vrai propriétaire, au dessus de la tête, une chaise sous les fesses, un vrai lit non pneumatique, gonflable, et dégonflable pendant le sommeil ou les galipettes, gonflant tout le temps, sous le dos, ou sous le ventre, mais l'on s'éloigne du sujet, à moins que savoir si je dors les bras en croix ou en position fœtale vous intéresse particulièrement, ce dont je doute, allez savoir pourquoi, intuition ou sens aiguisé de la déduction, une table sous l'ordinateur, enfin réconcilié avec Internet depuis une heure à tout casser, un travail de vendeuse dans un magasin de bijoux fantaisie, accessoires, sacs, confection, bref dans une petite caverne aux trésors polychrome, ascendants caissière, conseillère clientèle, gestionnaire, standardiste, décoratrice, avatar de la patronne en son absence, numéros complémentaires technicienne de surface matin et/ou soir, et prochainement mannequin vitrine vivant et créatrice de bijoux associée, et un contrat à durée indéterminée prêt à être signé demain pour continuer sur son joli début de lancée, et dont la productivité virtuelle a, de par le fait d'un tel changement de situation, incluant statut, salaire, logement, région, horaires, mode de vie, organisation, considérablement pâti.
Veuillez m'excuser pour la dramatique absence de point(s) dont a souffert le paragraphe monophrase au dessus de la présente phrase d'une longueur beaucoup plus raisonnable et conforme à ce qui se fait en matière de prose compréhensible, j'ai gardé tous ceux que j'aurais pu utiliser pour scinder mon long ruban de phrase abscons en nombreux petits tronçons pour en faire un prototype de bracelet pointilliste.
À l'avenir j'ouvrirai peut-être un compte Twitter pour balancer telle quelle la citation de cliente truculente que j'aurai élue phrase du jour, perle en compétition pour le grand trophée annuel, parce qu'au vu des lampées de vertes et de pas cuites que je récolte au quotidien, je me découvre capable de bien plus de patience et de self control que ce que j'aurais cru, pas de journée à Tutti sans question bête ou remarque nigaude, c'est la règle, et de chouettes expérience humaine et leçon de recul. Au pif en vrac et au fil de mes souvenirs, au clair de ma plume, la dame qui s'enquiert de savoir si l'on ne risque pas d'attraper le SIDA en essayant des boucles d'oreilles dans la boutique, avant d'ajouter qu'il est vrai que le problème se posait surtout avant, entre hommes, et avec les drogués, ce genre, enfin, tous ces gens-là, oui Madame, tout à fait Madame, et les noirs et les arabes, hein, n'oubliez pas les noirs et les arabes pendant que vous y êtes... Celle qui cherche des créoles mais pas celles-ci qui sont trop petites, ni celles-là qui sont trop grosses, ni encore moins celles-là qui font "s... sa... sal... je n'ose pas dire le mot, enfin bas de gamme quoi"... Celle qui, comme toutes les autres d'ailleurs, ne propose pas de payer ce qu'elle casse, mais ose encore dire qu'heureusement que le bijou s'est cassé ici, et non une fois offert, sans quoi la personne se serait dit qu'elle lui avait vraiment offert de la merde, quelle qualité pourrie, que le bijou devait avoir un défaut, et que donc il lui en faut un autre, et comment cela il n'y en avait qu'un exemplaire, hein, comment elle fait maintenant, hein, comment elle fait, eh bah bravo, BRAVO... Ceux qui réclament les soldes avant les soldes, et des nouveautés pendant les démarques... La gamine qui dit à sa mère que c'est ce collier-ci qu'il faut acheter, parce qu'il est trop beau même si comme cela l'on ne dirait pas... Celle qui me sort que ah bah oui, il faut travailler un petit peu hein, ha ha, parce que nous ouvrons le dimanche pour Noël... Celle qui me dit "Je vous pose ça là", "ça" étant une écharpe roulée en boule qu'elle vient d'essayer, et "là" mon épaule comme si j'étais une table basse alors que je me baisse pour lui indiquer le prix d'un article en vitrine qu'elle me demande...
Pour faire ce boulot, il faut déconnecter son cerveau en arrivant, le poser dans son sac dans la réserve pour le reprendre à la fin de la journée, ou du moins désactiver l'option "sens commun" qui y figure, oublier toute l'idée que l'on peut se faire de ce qui est normal ou non, beau ou de mauvais goût, évident ou nécessitant des études supérieures pour en appréhender ne serait-ce que la moitié, entre 10h30 et 19h30 l'on pourra me dire une chose et son exact contraire, que le doré va aux brunes, que c'est l'argent qui va aux brunes, que telle chose est ringarde, que bien sûr que non tel objet n'est pas plus classe qu'un autre, donc, le mieux reste encore de ne plus répondre et réagir en fonction de SON propre cerveau, mais de celui de son interlocuteur, de se mettre dans ses chaussures direct, et avec de plus en plus de facilité, même si elles sont moites et sentent le morbier, le temps de présence de ce dernier dans le magasin. Intégrer momentanément et sans effort particulier le mode de réflexion et les attirances et dégoûts des gens pour devenir eux le temps d'une vente, ou tentative de vente.
C'est un peu schizophrénique, comme exercice de style, mais c'est peut-être pour cela que je me surprends à adorer, et à être naturellement douée pour la chose, sans avoir l'impression de me prostituer à coups de compliments lèche-cul, de raconter de la bouse pour refourguer n'importe quoi, ou d'aller à l'encontre de ce qui me paraît plausible ou convenable en terme de paroles ou d'actions.
Donc bien que toute cette enfilade de journées commerçantes puisse paraître tout à fait infra-ordinaire, pour en revenir allez savoir pourquoi à Georges Pérec qui lui non plus ne saurait toujours pas ce qu'il fout encore là, quatre paragraphes plus loin, s'il n'était pas trop décédé en plus de trop peu au courant de mon existence pour avoir la moindre idée du fait que je le cite depuis tout à l'heure au gré de mes divagations informatisées, ma routine est variée, parce que riche en possibilités de surprises, je ne sais jamais ce que l'on va m'inventer ni me sortir, tout est possible, même la vraie bêtise, même la vraie impolitesse, et pour qui a comme moi le goût de l'anecdotique et du sourire en coin, c'est une mine, une manne, un vrai aspect ludique que je n'aurais pas soupçonné à ce travail trouvé par hasard et par chance, ce qui, c'est vrai, revient un peu au même, question de point de vue et de champ lexical tout au plus.
Dire que je pensais juste annoncer que je songeais à l'hypothétique et prochaine ouverture d'un compte Twitter pour balancer pèle-mêle les bons mots de ma nouvelle vie de vendeuse améliorée... De ma part, c'était mal me connaître, moi-même, je me suis encore eue, et vous avec, du coup.

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Commentaires
M
Contente de te relire.<br /> <br /> J'ai viré tous les liens de mon blog pour l'instant, uniquement pour les refaire quand je trouverai le temps (ils n'étaient plus à jour du touut).<br /> <br /> N'oublie pas ton cerveau en fin de journée !<br /> <br /> Ce serait dommage de ne plus pouvoir te lire, du tout, tout de même...<br /> <br /> La bise
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