Je veux faire caca chez Paul.
"La caresse d'une rose..." Voilà mot pour mot ce qui est écrit, légèrement en relief, en lettres arrondies au milieu d'esquisses des fleurs précédemment citées, sur... Mes rouleaux de papier toilette. Eh ouais. Et cela me perturbe un peu. La caresse d'une rose, quelle poésie, quel lyrisme, comme pour faire oublier l'utilité triviale de l'objet... Mais au delà du simple détournement risible, le terme de "caresse" appelle à la sensualité, la rose symbolise souvent la sexualité, pour Ronsard comme pour beaucoup de peintres ou de dessinateurs de par la forme de ses pétales camouflant son bouton, ajoutons à cela le mot "feuille" de papier toilette, et hop, nous obtenons l'expression "feuille de rose", du moins, pour ma part, elle me vient en tête, car après tout, que fait une feuille de papier toilette, si ce n'est glisser entre les fesses, franchement, je vous le demande ? Ah non, vous ne faites pas caca, vous ? Toutes mes excuses alors, plates, sincères, et tout et tout. Mais alors quoi ? Ce n'est pas nouveau que le sexe fait vendre, des vêtements, des voitures, des yaourts, du gel douche, mais aussi du papier toilette ? Le marketing de Lotus serait-il basé sur le désir sexuel suscité chez les clients potentiels ? Les rouleaux doivent-ils être dodus, convexes, déclencher l'envie, éveiller les sens ? Quitte à extrapoler, je ne suis plus à cela près, à quand les Tampax vibrants, les protège-slips chauffants ? Les points de suspension semblent là pour confirmer ma théorie fumeuse, cette ponctuation insinue, tend la perche, non ? Ah, j'intellectuanalyse trop ? C'est probable, oui. Mais... Certains connaissent par cœur la boîte de Kellogg's de leur petit déjeuner de par leur lecture réflexe quotidienne, eh bien pour moi, c'est pareil, je lis le papier toilette parce que ne faisant pas partie des gens faisant des mots fléchés ou lisant Gaston Lagaffe aux cabinets, je n'ai rien d'autre à faire, je m'occupe, voyez. Je voudrais bien que certains ouvrages soient imprimés sur ce format, "Moïse et le monothéisme" par exemple, je me sentirais peut-être plus obligée de le lire, et amenée à le faire à petites doses, par désœuvrement. Bon, à ce stade de l'article il ne serait pas déplacé de se demander s'il n'illustre pas à merveille la question consistant à se demander s'il est préférable de mobiliser son intelligence sur des choses connes, ou sa connerie sur des choses intelligentes, moi je me contenterais d'appeler cela rentabiliser mes séjours au petit coin, dans la mesure où je suis sûre qu'au cours d'une vie, un être humain finit par passer plusieurs années aux toilettes, même si j'ignore combien : j'avoue ne pas m'être fort penchée sur les moyennes et statistiques. Si quelqu'un est spécialiste du sujet, qu'il n'hésite pas à ramener sa fraise...