Un deux trois, nous irons hautbois.
J'en voulais un. Ou deux. J'hésitais. J'étais sûre d'en vouloir, mais ma décision quant au nombre n'était pas encore arrêtée de manière définitive, même si la question n'offrait qu'un choix multiple assez limité. Parce que j'en voulais un, ou deux. Pas trois. Je n'y avais même pas pensé une seconde. Trois, quelle idée! Voilà bien le seul nombre impair qui soit presque aussi pair que 2 ou 4 ou 12 ou 36, presque aussi calibré, régulier, calculé que n'importe quel multiple de 5.
Un, c'est indiscutable. Deux, c'est sur le fil du rasoir, c'est encore timide, cela se cherche, c'est provisoire. Un, cela s'excuse, cela s'efface, un cela s'oublie. Deux c'est encore un plusieurs relatif, un plusieurs trop petit pour réellement mériter cette appellation sans risquer de la faire mentir un peu sans pourtant s'être affranchi de la vérité, alors que trois, trois, mais trois c'est le début d'un plusieurs absolu!
Un c'est unique, être un c'est assurément être tout seul, deux c'est hésitant, c'est limité, c'est restreint, c'est la norme et c'est raisonnable, trois c'est un groupe, une amorce de collection, une revendication, trois cela s'affirme, cela s'affiche, cela s'affranchit. Trois, c'est une prise de position, cela ne peut être dû au hasard, un, l'on ne sait pas, deux, l'on commence à comprendre, trois, l'ambiguïté s'estompe, et nul doute n'est plus permis.
Trois c'est le premier pas vers plein, trois c'est un, ou deux, de trop.